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Interview de M. Jens Alder, CEO de Swisscom
mardi 21 août 2001

Par D. Divorne, (c) allo.ch

[allo.ch (Didier Divorne)]: A propos des communications en relation avec le projet dont nous avons parlé aujourd'hui. Est-ce que le risque de voir se développer un réseau de télécommunication "voice over ip" entre tous les établissements scolaires est négligeable ou peut-on imaginer un jour que les communications entre ces écoles passeront par le nouveau réseau, donc plus via Swisscom ou via ses concurrents ?

[Swisscom (Jens Alder, CEO)]: A terme, c'est certainement un risque, mais c'est le métier! Toutes les institutions, soit les écoles, soit les entreprises ou d'autres qui ont une liaison numérique peuvent à terme substituer les lignes téléphoniques par ce réseau. A terme, je crois aussi qu'il y a un certain risque, mais il faut vivre avec parce que c'est le risque de notre métier.

[allo.ch]: lorsque l'on parle d'internet à haut débit, dans les écoles, on pense également à la vidéoconférence ou au télé-enseignement. Est-ce que la largeur de bande que l'on met à disposition des établissements scolaires dans le cadre de ce projet vous semble suffisante ou part-on là dans une autre branche qui nécessiterait des équipements complémentaires?

[Swisscom]: personnellement, je crois que l'utilisation de cette offre est plutôt axée sur l'information. Il y a bien sûr de l'information qui se trouve dans les vidéos, mais c'est pas l'application principale. Si les transmissions vidéos étaient très utilisées, je crois également que la largeur de bande serait trop faible.

[allo.ch]: un autre sujet: la téléphonie mobile UMTS. Tous les clients attendent avec impatience quelques informations. On a entendu parler de tests qui devraient se faire dans la région de Bern, sur la fin de l'année. Est-ce que c'est encore d'actualité ou est-ce repoussé à 2002?

[Swisscom (Ch. Neuhaus, porte-parole)]: ces test sont toujours d'actualité.

[allo.ch]: en ce qui concerne le réseau GSM, l'ordonnance sur la protection contre le rayonnement non ionisant (ORNI) impose à Swisscom de baisser la puissance de certaines antennes. Est-ce que votre clientèle peut s'attendre à une baisse de la couverture à certains endroits et est-ce que cela sera compensé par la pose de nouvelles antennes?

[Swisscom (Jens Alder, CEO)]: nous sommes  maintenant dans une phase transitoire. Dans les endroits où nous devons encore corriger la puissance, cela aura certainement un effet négatif sur la couverture de notre réseau. C'est bien sûr notre but d'augmenter le nombre de nos antennes pour compenser ceci.

Malheureusement, on voit aujourd'hui que c'est extrêmement difficile de monter de nouvelles antennes. D'abord parce qu'il y a une certaine crainte dans la population, que c'est quelque chose de dangereux malgré le fait que la radiation est 10 fois plus faible que dans le reste de l'Europe. Ensuite parce que l'on a encore une faiblesse dans la réglementation en ce qui concerne l'implantation des antennes d'une manière pratique.

Dans ce dernier cas, nous sommes en discussion avec le gouvernement pour leur proposer un outil pour les autorisations de construire locales. Lorsque cela sera appliqué, je crois que l'on sera à nouveau capables de monter facilement de nouvelles antennes. La couverture est la clé du succès, surtout en Suisse!

[allo.ch]: on a parlé de la publicité jointe aux factures de Swisscom. Actuellement, Swisscom a scindé beaucoup d'activités. Par exemple, Swisscom Mobile et Bluewin envoient leurs propres factures. Qu'est-ce qui empêche de faire la même chose pour l'abonnement (frais pour le last mile qui fait actuellement l'objet d'une plainte déposée par Tele2)? Chaque client recevrait ainsi une facture pour son abonnement, avec de la publicité de Swisscom et/ou d'autres opérateurs et une seconde facture pour les prestations fournies par l'opérateur Swisscom, à savoir des minutes de conversation, de fax ou d'internet.

[Swisscom]: Personnellement, je ne comprends pas cette polémique parce que d'abord, c'est un fait, vous avez raison, nous sommes les seuls à offrir un raccordement fixe téléphonique et nous chargeons environ 25.- par mois au client. Par contre, c'est un fait que ces 25.- ne couvrent pas nos coûts.

Pourquoi ce prix est-il donc toujours appliqué? C'est parce que c'est un prix réglementé et que nous n'avons pas le droit de l'augmenter. Et quel était l'argument? Swisscom en profite parce qu'il est le seul à avoir cette liaison avec la clientèle. Il est dès lors pour moi évident que l'on peut également fournir la publicité avec.

Si on est totalement libre dans le prix, je suis également prêt à accepter qu'il n'y a plus de publicité. Dès que c'est réglementé vers le haut, je crois qu'il faudra un jour arrêter de bloquer Swisscom partout, car on perd de l'argent. En effet, si quelqu'un fait une présélection vers un autre opérateur et que l'accès est répercuté sur nos coûts, cela signifie directement que nous faisons un sponsoring de nos concurrents. La Comcom le sait et l'accepte pour aider la concurrence. Je dirais que ça ne peut pas aller beaucoup plus loin.

[allo.ch]: terminons avec l'internet. Nous avons parlé aujourd'hui de l'internet à haut débit dans les écoles. Est-ce que cela veut également dire une évolution sur une plus large échelle des accès ADSL en Suisse? Peut-on imaginer que chaque commune sera desservie par l'ADSL ou est-ce que les liaisons avec les écoles sont totalement indépendantes de l'ADSL?

[Swisscom]: sur le principe, les 2 choses sont indépendantes, malgré le fait que l'ADSL peut devenir le moyen de connecter certains établissements car elle serait une technologie parfaitement apte à assurer ces connexions. Par contre, nous couvrons aujourd'hui probablement 80 ou 90% du pays avec l'ADSL. C'est donc indépendant et le succès de l'ADSL est seulement une question du nombre de clients qui achète ce produit.

Finalement, il n'y a pas de discrimination géographique du tout. Là où on a un réseau fixe, il y aura de l'ADSL, ce n'est qu'une question de planification.

[allo.ch]: Swisscom est en fait le seul opérateur à proposer l'ADSL en Suisse. Est-ce que l'on peut parler de position dominante dans ce cas précis?

[Swisscom]: oui, bien sûr. Pour l'ADSL, seul le réseau Swisscom peut proposer une technologie comme l'ADSL. Il y a par contre des cablo-opérateurs qui ont une position dominante pour les cablo-modems. En d'autres mots, c'est une question de technologie utilisée qui, en effet, est une fonction du réseau qui est utilisé.

[allo.ch]: en cas de position dominante, n'y a-t-il pas une théorie qui veut que l'on aligne les prix sur les coûts, comme on l'a déjà fait pour l'interconnexion avec le réseau fixe?

[Swisscom]: je dirais qu'il faut faire un choix, et c'est un choix politique. Soit on accepte qu'il y a une concurrence au niveau de l'infrastructure, parce que nos concurrents les plus dangereux ce sont les cablo-opérateurs. Si c'est le cas, il ne faut pas de réglementation que pour l'un des deux.

Par contre, si on dit "il faut règlementer le last-mile", je ne comprends pas pourquoi Swisscom, à l'époque, a été plus ou moins forcé de vendre sa participation à Cablecom. Il y a ici une petite contradiction.

[allo.ch]: merci beaucoup pour cet entretien.


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