Deuxième assemblée générale de Swisscom AG à
Zurich : Swisscom exige de meilleures armes pour affronter le marché
Organisée le 30 mai 2000 au Hallenstadion de Zurich, la deuxième assemblée
générale ordinaire de Swisscom a accordé une large place aux récents développements
intervenus dans le secteur des télécommunications. Jens Alder, Président de la
Direction du groupe, a d'emblée affirmé aux actionnaires que Swisscom entendait tout
mettre en uvre pour saisir les chances qui s'offraient dans le domaine de l'e-commerce et
augmenter durablement la valeur de l'entreprise. De son côté, Markus Rauh, Président du
Conseil d'administration, a exprimé son scepticisme à l'égard de la prochaine mise aux
enchères des licences de téléphonie mobile UMTS en Europe, arguant qu'il s'agissait-là
d'impôts venant frapper les consommateurs de manière déguisée. Abordant la délicate
question du statut du groupe, il a insisté sur la nécessité de transformer Swisscom en
société anonyme de droit privé, afin qu'elle puisse bénéficier de la même marge de
man uvre que ses concurrents et lutter à armes égales avec eux.
Au cours de la deuxième année suivant son introduction en Bourse, Swisscom a vu son
actionnariat continuer de s'étoffer. La société compte ainsi près de 63 000
actionnaires inscrits détenant 13,7 millions d'actions nominatives, dont 39% en Suisse,
40% en Grande-Bretagne, 8% en Amérique du Nord et 13% dans le reste du monde. A ces
titres s'ajoutent 11,7 millions d'actions dispo, dont les titulaires ne sont pas connus.
La Confédération suisse, enfin, possède 48 175 250 actions, ce qui représente 65,5 %
du capital-actions et 15,5% de plus que le minimum exigé par la loi.
Assise clientèle multipliée par deux - augmentation du dividende
Analysant la position de Swisscom sur le marché suisse disputé par quelque 250
opérateurs se livrant à une véritable guerre des prix, Markus Rauh s'est déclaré
plutôt satisfait : « En dépit des contraintes imposées par les autorités de
régulation et de la concurrence, nous sommes parvenus à nous affirmer en tant que
leader. Notre recette? Le lancement de nouveaux produits, une prospection active du
marché, l'exploitation ciblée des atouts dont nous disposons sur les marchés de la
téléphonie mobile et de l'internet et la multiplication par deux de notre clientèle
grâce à l'acquisition de debitel. »
Grâce à des transactions extraordinaires réalisées en 1999, Swisscom a pu dégager
un bénéfice net élevé. Le Conseil d'administration a donc proposé à l'Assemblée
générale d'augmenter le dividende et de le porter de CHF 11.- à CHF 15.- par action.
Un rythme dicté par la nouvelle économie - un avenir sous le signe du e-commerce
Dans son exposé, Markus Rauh s'est exprimé sur les innombrables fusions et créations
de sociétés internet, ainsi que sur la formidable envolée des titres des dot.com : «
Le mot-clé est l'e-business, qui incarne l'une des forces motrices de la nouvelle
économie. Cette nouvelle donne contraint les entreprises à adopter une attitude
radicalement différente. Dans la foulée de la nouvelle économie, l'évaluation de la
valeur de l'entreprise repose moins sur les critères de rendement et de cash-flow. Les
investisseurs et les analystes tendent en effet à privilégier la croissance du chiffre
d'affaires, l'assise clientèle et les offres innovantes, qui se fondent sur le protocole
internet. Le commerce électronique et surtout la téléphonie mobile sont les étendards
de la réussite. Ce qui compte, c'est la taille de l'entreprise, quelles que soient les
possibilités réelles d'économies d'échelle et de synergie. »
Quant à Jens Alder, il a précisé que Swisscom poursuivra son développement en
s'appuyant à l'avenir essentiellement sur trois piliers, à savoir son métier de base en
Suisse, ses activités internationales et le secteur E-Business. Dans ces domaines,
l'entreprise se positionnera dans les créneaux porteurs que sont la communication mobile,
la transmission des données et l'internet : « La demande croissante d'accès et de
services à large bande sur le réseau fixe représente un important potentiel de
croissance, que nous comptons exploiter en lançant des offres inédites telles les
services ADSL récemment présentés. »
Dans le secteur de la téléphonie mobile, Swisscom caracole en tête devant ses
concurrents, affichant pas moins de 2,6 millions de clients sur le marché suisse. Elle
entend d'ailleurs creuser davantage l'écart en acquérant, en Suisse et en Allemagne, les
licences UMTS qui lui permettront de mettre à profit la technologie mobile de la
troisième génération.
Licences UMTS, des recettes fiscales pour la Confédération
Evoquant les prochaines ventes aux enchères de licences UMTS en Europe, Markus Rauh
s'est montré plutôt sceptique : « Les importantes recettes engrangées en
Grande-Bretagne suite à la mise aux enchères de licences ont suscité chez nous l'espoir
d'une manne financière: on estime qu'entre 8 et 10 milliards de francs iraient dans les
caisses de l'Etat. Mais la Confédération risque fort de voir ses espoirs déçus. Au
bout du compte, c'est le client qui règlera l'addition. Et si la Confédération peut à
court terme voir son intérêt dans cette surenchère, un effet boomerang serait
inévitable et se traduirait par une augmentation des prix de l'ordre de 600 francs par
client et par an. Les prix élevés atteints lors des enchères pourraient finalement se
révéler être un frein aux investissements, donc à l'innovation. Une enchère du type
de celle qui s'est déroulée récemment en Grande-Bretagne n'est ni plus ni moins qu'un
impôt indirect qui ne rapporte rien à l'économie nationale."
Le Président du Conseil d'administration a ajouté que les frais relatifs à
l'acquisition d'une licence UMTS et la mise sur pied d'une infrastructure UMTS exigeaient
des modèles de financement différents. L'introduction en Bourse du secteur Mobile de
Swisscom, actuellement à l'étude, constituerait d'ailleurs l'une des possibilités de
financement envisageables. Il a néanmoins tenu à ajouter que, dans ce cas, l'entreprise
conserverait la majorité du capital.
Relevons que le placement en Bourse du fournisseur de services internet Blue Window -
le numéro un incontesté en Suisse - se trouve déjà au stade de projet et pourrait
intervenir dans le courant du second semestre 2000. Enfin, une ouverture au public du
capital d'UTA, filiale autrichienne de Swisscom, est également à l'étude.
Swisscom doit devenir une véritable société anonyme de droit privé
Société anonyme de droit public, Swisscom possède actuellement un statut particulier
en vertu duquel la Confédération est propriétaire de la majorité du capital-actions.
Selon le Conseil d'administration de Swisscom, cette particularité explique l'évolution
plutôt décevante du cours de l'action Swisscom en comparaison avec celles d'autres
opérateurs de télécommunications en Europe.
Pour Markus Rauh, au vu du rythme effrené de la consolidation dans le secteur
industriel, il est indispensable d'accorder à Swisscom la liberté d'action qui lui
permettrait de conclure des alliances et d'assurer sa pérennité : « Il nous incombe de
prendre l'initiative et tirer parti de notre position de force actuelle pour nous associer
à des partenaires compétents, capables de réfléchir sur le long terme. Il est vital
que Swisscom dispose de la marge de man uvre, qui lui permettrait de franchir ce pas. Il
en va de l'intérêt de l'entreprise, du client, du personnel et de l'actionnaire. J'irais
même jusqu'à dire qu'il en va de l'intérêt de l'économie suisse dans son ensemble.
Car seule l'indépendance permettrait à Swisscom de préserver sa valeur, de sauvergarder
les emplois et de maintenir les compétences décisionnelles en Suisse. Afin que notre
entreprise ait des chances de survie sur un marché en mutation rapide, elle doit passer
du statut de société anonyme de droit public à celui d'une société anonyme de droit
privé régie par le code des obligations. Ce n'est qu'ainsi que nous obtiendrons la marge
de man uvre dont nous avons tant besoin pour construire l'avenir de Swisscom. Le temps
presse car il se calcule pour nous en années internet.
Markus Rauh a tenu à souligner que le changement de statut et la loi sur l'entreprise
de télécommunications (LET) n'avaient aucune incidence sur la fourniture du service
universel sur l'ensemble du territoire suisse. Régi par la loi sur les
télécommunications (LT) et par les ordonnances s'y rattachant, le service universel ne
serait aucunement remis en question. Et d'ajouter : « Un statut de droit privé ne
signifie pas non plus que la Confédération, que nous estimons grandement en tant
qu'actionnaire majoritaire stable et fiable, doive céder immédiatement ses actions.»
Forte augmentation du chiffre d'affaires en 2000
Selon Jens Alder, avec la consolidation de debitel dans les comptes du groupe, le
chiffre d'affaires, cette année, devrait connaître une nouvelle et importante hausse. Le
résultat d'exploitation devrait toutefois s'inscrire à la baisse, en raison des faibles
possibilités de croissance sur le marché national. Le bénéfice net augmentera
probablement à la faveur de transactions extraordinaires.
Ces différents éléments contraignent Swisscom à redoubler d'efforts pour améliorer
sa productivité et réduire ses coûts. Les suppressions d'emplois annoncées ce
printemps pour 2001 ne sont pas étrangères à ces mesures. Grâce à debitel, la
structure des coûts et les performances devraient toutefois aller en s'améliorant. A
l'étranger, le moteur de croissance devrait même tourner à plein régime et faire de
Swisscom l'un des plus importants fournisseurs de services à valeur ajoutée en Europe.
Zurich, le 30 mai 2000
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