Pratique commerciale de Swisscom jugée trompeuse
L'opérateur va activer automatiquement le répondeur Combox - Service présenté comme gratuit mais qui entraîne en fait des coûts Pratique jugée illégale par le Bureau de la consommation
Par Cédric Luisier (Associated Press)
Berne (AP) Swisscom est dans le collimateur du Bureau fédéral de la consommation. L'opérateur a décidé d'activer d'office chez tous ses abonnés la fonction Combox - un répondeur automatique à distance dont il vante la gratuité mais qui, en fait, entraîne des coûts. Contrairement à Swisscom, le Bureau de la consommation estime que cette pratique est illégale. Il va donc signaler ce cas aux services compétents de la Confédération.
Dans un courrier reçu il y a quelques jours, certains clients de Swisscom ont appris que leur opérateur allait se permettre d'activer à leur place la fonction Combox. Toutefois, ceux qui n'en veulent pas doivent signer et renvoyer une carte-réponse jointe. Cette façon de faire laisse sceptiques certains observateurs. "Swisscom force un peu la main de ses clients", relève Didier Divorne, responsable de allo.ch, un site internet qui compare les tarifs des opérateurs en Suisse.
La fonction Combox est un répondeur automatique destiné notamment aux utilisateurs de téléphones portables. Lorsque le téléphone est débranché ou lorsque l'on ne répond pas au cours des vingt premières secondes, un message peut être laissé sur ce répondeur. L'appelé peut ensuite consulter ses messages en appelant le numéro de son répondeur. A l'avenir, cette fonction sera intégrée d'office à tous les nouveaux abonnements de téléphonie mobile.
Service qui peut coûter "très cher"
Bien que Swisscom présente son service comme étant gratuit, il entraîne des coûts tant pour l'appelant que pour l'appelé. En effet, le tarif usuel s'applique pour celui qui laisse son message sur le répondeur. De même, celui qui interroge son répondeur pour écouter les messages reçus passe également à la caisse. "Ce service peut coûter très cher selon le type d'abonnement", fait remarquer Didier Divorne. Ce qui est encore plus douteux, c'est que Swisscom ne précise pas dans son courrier que le service Combox va induire des frais, selon Didier Divorne.
"Courrier mensonger"
"Il y a tromperie sur l'information et ce courrier est mensonger", estime de son côté Monique Pichonnaz, responsable du Bureau fédéral de la consommation. Selon elle, cette pratique est "illégale", car la déclaration des services proposés n'est pas exacte. L'ordonnance sur l'indication des prix (OIP) et la loi fédérale contre la concurrence déloyale (LCD) ne sont pas respectées. Le Bureau va donc signaler ce cas aux services compétents de la Confédération. "Dans l'intervalle, nous suivrons cette affaire de près", selon Monique Pichonnaz.
Le cas échéant, il appartiendrait au seco d'intervenir auprès de Swisscom pour l'inciter à respecter l'OIP, a précisé Guido Sutter, spécialiste des affaires de concurrence déloyale au Secrétariat d'Etat à l'économie (seco). Par contre, une éventuelle violation de la LCD n'est pas de son ressort. De son côté, la Fédération romande des consommateurs n'a pas voulu s'exprimer à ce sujet.
Attirer l'attention des clients
"Ce service est tout de même gratuit à la base", rétorque Christian Neuhaus, porte-parole de Swisscom. "Nous nous sommes aperçus que certaines personnes avaient de la peine à configurer leur Combox ou ignoraient même que cette fonction existait", a-t-il ajouté en justifiant le courrier envoyé aux clients qui n'avaient pas encore activé leur Combox.
Selon Christian Neuhaus, "ce n'est pas forcément une démarche agressive, car le client a un droit de réponse et a surtout moins de démarche à effectuer pour activer son répondeur". Cette nouvelle façon de faire doit permettre d'attirer l'attention des clients, qui sont submergés de publicités en tout genre. AP
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